mardi 28 avril 2009

Le Six Plus Five, ici et maintenant

Le foot européen, sous le joug de quelques clubs espagnols et anglais en situation oligopolistique, doit être immédiatement soumis au 6+5.

Bon ce 6+5, c'est pour quand? Parce que 3 clubs anglais, pour la troisième année consécutive, dans le dernier carré de la Champions League, ça devient lassant... Et en plus on retrouve les mêmes : Manchester United et Chelsea côté anglais, et le Barça en invité continental... Seule différence cette année : Arsenal prend la place de Liverpool.

Certes, les demi-finales, aujourd'hui et demain, s'annoncent haletantes, à l'image des quarts de finale qui étaient des supers matchs, au niveau technique parfait, à l'intensité et à l'engagement exemplaires, au suspense continu. Mais tout ça pour quoi? Pour le spectacle, rien que pour le spectacle. Un intérêt sportif quasi nul. Le foot c'est un sport qui se joue à 11 contre 11 et à la fin c'est l'Allemagne qui gagne, déclara en substance et en son temps l'avant centre Gary Lineker. Aujourd'hui, c'est un sport qui se joue à une grosse vingtaine par équipe (car le banc est un élément déterminant pour les résultats), et à la fin c'est les clubs anglais qui gagnent. Enfin, pas tous... pas Bolton ou Wigan... Non le Big Four : Arsenal, Man U, Liverpool et Chelsea. Bref, les 4 clubs anglais les plus riches.

La Champions League, malgré la réapparition des matchs à élimination directe dès les huitièmes, devient aussi ennuyeuse que la domination incontestée de l'Olympique Lyonnais en Ligue 1 de 2001 à 2008. Ou que la suprématie de Michaël Schumacher dans les années Ferrari. Intéressant d'ailleurs l'exemple de la F1... Aussi conservateurs soient-ils, les dirigeants de la F1 ont aujourd'hui pris conscience qu'il était urgent de remettre une petite dose de concurrence dans les sports mécaniques. Les nouvelles réglementations permettent maintenant aux différentes écuries de débuter la saison avec des chances un peu moins inégales.

Mais dans le foot européen, la situation ne fait qu'empirer année après année. L'inégalité prime. Pas de «compétition saine et parfaite» entre les clubs, mais des situations d'oligopoles. Quelques grands groupes sportifs dominent le marché et laissent des miettes (la Coupe de l'UEFA) à leurs concurrents. Leur domination leur rapporte de l'argent, via les droits télé, ce qui accroit leur domination. Un cercle vicieux.

Trois mesures sont dans l'air du temps pour agir. AlterSport vous en a déjà parlé (j'adore parler de moi à la troisième personne ;), mais j'ai envie d'en remettre une couche

1) le salary cap. Il s'agirait de plafonner les salaires des joueurs. C'est plus une mesure d'éthique financière que d'éthique sportive, dans notre contexte de crise économique et financière durable. Tout le monde en parle, même VSD qui titrait récemment dessus... Côté rugby, le Top 14 devrait prochainement mettre en place cette mesure. Mais en foot, c'est un peu plus compliqué, car il y a plus d'intérêts et d'acteurs en jeu... Et on peut parier que les clubs anglais ou espagnols seront plus hauts de plafond que les clubs français ou belges. Le salary cap semble être une mesure difficile à mettre en place... Certains pensent même qu'elle est mise en avant par des responsables de clubs afin de noyer le poisson et de maintenir en fait le statu quo... Bref, le salary cap dans le foot, ça vaut le coup d'essayer, mais c'est pas pour demain la veille. Avant cela, il faut frapper vite et fort.

2) le 6+5. Une idée simple, universelle et rapide à mettre en place : obliger chaque club homologué UEFA à aligner 6 joueurs nationaux dans son 11 de départ. Avec une dérive possible cependant : la naturalisation plus ou moins forcée de joueurs. Mais le 6+5 est embourbé, parait-il, du coté de Bruxelles : la Commission européenne reste attachée au sacro-saint principe de libre-circulation des travailleurs au sein de l'UE.

3) le quota de joueurs formés au club. Ca, c'est le projet phare de l'UEFA. Obliger les clubs homologués UEFA à aligner dans leur 11 de départ un certain nombre de joueurs formés au club. Intéressant, mais c'est pas pour autant que le foot belge relèvera la tête... Les grands clubs anglais et espagnols achèteront simplement les jeunes talents en herbe encore plus tôt, histoire de les intégrer vite fait bien fait dans le quota «formés au club». Couplée à une restriction des transferts de joueurs mineurs, cette politique pourrait cependant s'avérer efficace... Mais elle prendra du temps à se mettre en place; de longues périodes longues de transition seront proposées aux clubs pour se mettre en conformité, histoire qu'ils aient le temps de renforcer leurs centres de formation...

Vous l'aurez compris, chers alternautes, c'est le 6+5 qui a mes faveurs pour une application immédiate. Les autres mesures viendront ensuite quand la situation aura été assainie avec le 6+5. Celui-ci permettrait tout de suite de mettre fin à la domination européenne des clubs anglais. Pour ce qui nous concerne, le retour au pays de bons joueurs français, peut-être pas des stars comme Henry ou Ribery, mais certainement de Bakary Sagna, Nicolas Anelka ou Lassana Diarra, revigorerait notre championnat national. La présence d'un plus grand nombre de Bleus en Ligue 1 contribuerait aussi à renforcer la cote de notre sélection nationale auprès du public français, lequel manque singulièrement d'enthousiasme pour les performances de l'Equipe de France.

PS : les effectifs complets de Chelsea et Arsenal, deux des quatre demi finalistes de la Champions League, ne contiennent même pas 6 Anglais! Avec le 6+5, ils ne seraient même pas capable d'aligner une équipe de départ. Le Barca et Manchester United, eux, ont des effectifs nationaux un peu moins réduits...
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mercredi 15 avril 2009

Handball à terre

Corruption, tricheries, folie des grandeurs, le hand est touché à son tour par les dérives du sport-business.

L'image d'un sport peut se déprécier en quelques mois aussi vite qu'un krach boursier! Depuis l'époque des Bargeots, et encore plus depuis la dernière médaille d'or des Bleus aux JO, le hand masculin passait en France pour un sport de mecs sympas, déconneurs et athlétiques. Mais aujourd'hui, le hand a pris la grosse tête. La folie des grandeurs qui s'est emparé de ses dirigeants fait plonger ce sport dans les bas-fonds de la corruption et du sport-business!

La corruption d'abord... Qui aurait cru que le handball, sport encore relativement confidentiel à l'échelle européenne, sauf peut-être en Allemagne, son pays d'origine, serait au coeur de scandales de tricherie et de corruption dignes de l'affaire OM-VA? L'équipe de Kiel, où évolue Nicolas Karabatic, est le principal accusé. Moyennant 40 ou 50 milliers d'euros, une somme rondelette mais encore accessible, les dirigeants du club allemand auraient acheté des arbitres lors de matchs de Ligue des Champions. Mieux encore : voilà que la Croatie accuse la France d'avoir corrompu les arbitres de la finale du dernier Mondial... De son côté, l'un des arbitres du match, de nationalité danoise, assure qu'il a refusé pendant le Mondial les avances de prostituées prépayées par des émissaires croates. Quelle joyeuse ambiance!

Le sport-business ensuite... Là, c'est la Ligue nationale de handball qui fait fort. Associée à des entrepreneurs européens émigrés aux Etats-Unis, elle a eu l'idée stupide d'organiser le Final Four de la Coupe de la Ligue de hand français à Miami, dans l'American Airlines Arena, l'immense salle des Miami Heat! C'est vrai quoi, la Coupe de la Ligue, tout le monde s'en fout en France, alors pourquoi pas la délocaliser dans un pays (les Etats-Unis) où le handball est totalement inconnu? Affrêtement spécial d'un avion, hôtel de luxe, rien n'a été négligé! Au final, c'est Istres qui s'est imposé dans une salle totalement vide. Bravo les minots du un-trois, vous avez mérité une ballade en limousine sur Ocean Drive! Vous inquiétez pas pour la facture, c'est la Ligue qui régale! Comble de l'aveuglement, dans une interview au Parisien, Alain Smadja, président de ladite Ligue, envisage de renouveler l'opération l'année prochaine. Il faut dire que la Ligue se serait engagée à louer l'American Airlines Arena pour 3 années de suite!

Mais pourquoi diable essayer de convertir les Américains à ce sport? Pourquoi attendre avec impatience «le jour où on ne prononcera plus 'handballe ' à l'allemande, mais 'handbol' à l'anglo-saxonne», comme le déclarait le 21 janvier dernier dans le Figaro Thierry Anti, ancien entraîneur du club de Paris? Le hand a pourtant vécu ces dernières années un développement original et équilibré. Au delà de son pré carré européen, il commence à trouver un public et des joueurs passionnés en Afrique du Nord (Tunisie, Egypte), en Asie (Corée) et en Afrique sub-saharienne (Angola)... Alors l'Amérique peut bien attendre... Et si vraiment on veut conquérir les Etats-Unis, faisons le par le biais d'un développement du hand dans les universités US. C'est d'ailleurs comme ça, à l'école, que cette discipline a pris en France. Même si c'est moins vrai aujourd'hui, le hand était, jusqu'aux années 80, le sport collectif par excellence au collège. C'était d'abord un truc de prof d'EPS, un jeu pour les compétitions inter-classes le midi, juste après la cantine! Vouloir promouvoir le handball au travers de matchs exhibitions un peu bling-bling ne correspond pas vraiment à l'image de marque de ce sport! Erreur de marketing!

Bref, on est loin de l'annonce prophétique du Figaro, qui trouvait en janvier dernier que les responsables de la Ligue de handball faisaient «bouger le sport français». Cette manie de vouloir bouger les lignes, de réformer pour réformer, cette soif de croissance et de conquête de marchés, ont tout simplement emmené le handball français dans un fiasco ridicule et coûteux.
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mercredi 1 avril 2009

L'homme, cet «animal sportif»

Salut les intellos du sport, ne manquez pas la série "philosophie du sport" dans l'émission les nouveaux chemins de la connaissance animée par Raphael Enthoven sur France Culture. Raphael Enthoven, c'est le Raphael de la chanson, l'ex de Carla. Son émission quotidienne de philo sur France Cul à 17h est vraiment sympa. A la fois pointue et accessible.Et ca commence fort dans le premier volet par une citation du philosophe Henri Bergson : "l'homme est un animal sportif". Vous ne voyez pas ce que ça veut dire... Moi non plus, mais vous aurez l'explication de texte en podcastant l'émission. 4 autres volets suivront, dont un alléchant "philosophie du surf" vendredi! Lire la suite...