lundi 30 novembre 2009

Matchs truqués : enfin du gros poisson?

Le mégascandale des matchs truqués en Europe oblige l'UEFA à faire le ménage. La France doit de son côté fermer l'accès aux sites de paris sportifs en ligne.

Enfin. Enfin, l'UEFA prend la mesure de la corruption dans le foot et soutient l'enquête lancée en Allemagne sur l'achat de matchs de foot truqués. Ce ne sont pas des matchs de seconde division belge cette fois qui sont concernés, enfin pas seulement des matchs de ce niveau, mais aussi des matchs de tours préliminaires de Champions League. Les choses deviennent sérieuses.

Les clubs mis en cause au départ sont des vestiges du bloc soviétique : deux clubs albanais, un letton, un slovène et une vieille gloire hongroise, le Budapest Honved FC. Signe des temps, c'est d'abord le lumpenproletariat du foot européen qui se vend aux tricheurs. Mais la liste s'allonge jour après jour, l'UEFA évoque des centaines de matchs, et on parle maintenant du Fenerbahce, un grand d'Europe! Des stars du foot turc seraient impliquées et un arbitre ukrainien a été suspendu.

Bon, ce n'est pas pour autant que les paris truqués sur des matchs de seconde zone, c'est fini. D'ailleurs la D2 Suisse (Thoune) ferait partie des mis en cause... Et écoutez donc Declan Hill, un journaliste spécialiste de la question, interviewé par un webzine suisse : « Je me souviens d'une rencontre en Malaisie avec un gars qui travaillait pour les triades locales. Et ce mec connaissait tout, mais alors tout, du foot... islandais. Un véritable expert: il me récitait les noms de clubs de première division dont je ne connaissais même pas l'existence, mais aussi ceux d'équipes de villages de moins de 5000 habitants. »

Mais cette fois ci, avec ce mégascandale potentiel, on a l'impression de pêcher du gros poisson ! Ah, on n'avait pas vu cela depuis une fameuse affaire OM-VA... ou plus récemment la rocambolesque affaire Luciano Mioggi qui avait valu une rétrogradation à la Juve.

Les présumés tricheurs de cette vaste affaire : un réseau mafieux basé en Allemagne. L'objectif des tricheurs : maximiser leurs gains sur les sites de paris sportifs en ligne. Leur méthode : corrompre quelques joueurs de l'équipe la plus faible des deux, juste une poignée pour que ca ne se remarque pas trop sur le terrain, et de temps à autre aussi des arbitres (mais c'est moins fiable). Leurs intermédiaires : des ex-footballeurs ou ex-entraineurs bien introduits dans le milieu du foot, souvent comme agents de joueurs. Petit fait nouveau intéressant : une société autrichienne bien connue de la place, Runningball, spécialisée dans l'information sportive et fournisseur de données aux mastodontes de l'industrie des paris en ligne, est dans la ligne de mire et a fait l'objet d'une perquisition...

Alors que retenir de cette nouvelle affaire ?

D'abord, la corruption ne touche pas que la Ligue 1 islandaise ou la Ligue 2 suisse, et les allégations de matchs truqués à la dernière Coupe du Monde deviennent tout d'un coup beaucoup plus crédibles.

Ensuite, la crise est systémique : les mafias ont infiltré le milieu du foot, un secteur dirigé essentiellement par d'anciens joueurs qui n'ont pas les compétences pour gérer les milliards de dollars d'enjeu financier que représente ce sport.

Enfin, et surtout, il faut d'urgence lutter contre toutes les formes de paris sportifs en ligne. Il n'y a aucune raison de croire que les sites des leaders européens (Bwin, Unibet etc) sont à l'abri de paris truqués. Il faut d'urgence revenir en arrière en France et fermer l'accès à tous les sites de paris en ligne, aussi bien aux sites illégaux asiatiques qu'aux majors du milieu qui se sont vues accorder une licence il y a quelques mois.
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jeudi 19 novembre 2009

La main d'Henry ou l'occasion manquée de devenir une légende

Cette main de Thierry Henry, même au basket elle n'est pas valable, c'est une « reprise de dribble ». Elle est clairement volontaire, c'est indéniable, et Rama Yade, qui a affirmé le contraire, s'est une nouvelle fois rendue ridicule.

Henry, pour ceux qui suivent de près sa carrière, savent qu'il n'a jamais été très clair: à Arsenal et même en Equipe de France je crois, il a marqué quelques buts en tirant les coups francs sans attendre le coup de sifflet de l'arbitre, alors que la gardien place son mur... Et je me souviens qu'à une époque Titi se faufilait derrière les gardiens de but pour, d'un coup de tête, essayer de leur chiper le ballon des mains et s'offrir un but grand ouvert. Heureusement cette astuce, à la limite de la tricherie, n'a jamais marché...

La classe, la grande classe internationale, celle qui lui aurait fait mériter le Ballon d'Or qu'il a tutoyé à plusieurs reprises, cela aurait été d'aller voir l'arbitre, juste après le but de Gallas, et de lui dire la vérité. Simplement. Lui dire la vérité, annuler le but, et on repart à 0-1 et on essaie d'égaliser à la régulière. Mais Titi, élevé par Arsène Wenger le mégalo et par les tricheurs de la Juve, n'est pas de cette école.

Et pourtant le vrai fair-play existe : en 1997, lors d'un Arsenal-Liverpool à Highbury, l'attaquant des Reds Robbie Fowler se voit accorder un penalty imaginaire. Il passe ensuite quelques minutes à essayer de convaincre l'arbitre de son erreur... en vain. Fowler tire le penalty et bien entendu le loupe, direct sur le gardien, la grande classe! Bon ce n'était pas un match de l'enjeu de France – Irlande, mais tout de même, cela crée une belle légende...

La main d'Henry, elle, trois ans après le coup de boule ridicule de Zidane, porte un coup fatal au foot français : les Bleus sont maintenant etiquetés comme les nouveaux Italiens, et nous aurons beaucoup de mal à nous débarasser d'une tenace réputation de tricheurs.

Le seul que cela fait sûrement rire,c'est Raymond Domenech, lui qui depuis des années passe son temps à insulter la Squaddra Azzurra et qui se retrouve aujourd'hui dans la peau de ses ennemis, dans la peau du traitre, dans la peau du tricheur. Pervers comme il est, je suis sûr que ça lui donne la patate.

Le foot français tombe bas. Il faut rejouer ce match.



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samedi 7 novembre 2009

Démarquée ? Non, hors jeu...

Se démarquer? Tout un savoir-faire. Seul un petit nombre de renards des surfaces, de Gerd Müller à Pipo Inzaghi, sont passés maîtres dans cet art. Je ne sais pas si ces illustres avant-centres inspirent Rama Yade, mais notre Secrétaire d'Etat aux sports vient une nouvelle fois de se faire remarquer, et pas de la plus jolie des manières.

Alors que Roselyne Bachelot, Eric Woerth et une poignée de parlementaires s'évertuaient assez courageusement à supprimer l'une des niches fiscales les plus scandaleuses de notre République, le droit à l'image collectif (DIC), lequel exonère de charges sociales les plus hauts salaires de sportifs, Rama Yade s'est posée en « défenseur des sportifs ». En fait, Rama est manipulée par un secteur on ne peut plus corporatiste : les clubs de sport professionnel.

La suppression du DIC est bel et bien une mesure salutaire, le préalable indispensable à une réflexion d'ensemble sur le plafonnement des salaires, appelé « salary cap » dans le monde du sport. Et on ne peut qu'applaudir des deux pieds lorsque Roselyne Bachelot, d'après les propos que lui rapporte le Canard Enchainé, explique qu'un Ministre des Sports, ça n'est « pas là pour caresser dans le sens du poil des sportifs qui gagnent moyenne 40.000 € par mois, ou pour permettre aux footballeurs de se payer des Maserati ou des Porsche ». Bien résumé.

Le plus triste dans cette histoire, c'est la main tendue du PS à Rama Yade. Dans le but d'affaiblir encore davantage Sarko et l'UMP, les socialistes n'hésitent pas à proposer à Rama Yade de rejoindre leurs rangs. Ils oublient un point important : le bilan de la Secrétaire d'Etat aux Sports n'est pas seulement maigre, il est mauvais ; Rama ne jure que par le sport d'élite, qu'elle achève de transformer en sport business, en sport spectacle. AlterSport, dans une précedente chronique l'avait pressenti. Je persiste et signe : Rama joue la carte du sport people, et ne cherche, au travers de ses fonctions, qu'à briller aux côtés des étoiles du stade.
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