jeudi 5 février 2009

Plafonnement des salaires, yes oui cannes

Les subventions octroyées par les collectivités locales aux clubs de foot doivent être conditionnées à la mise en place d'un salary cap.

Il est trop fort cet Obama, hop, il profite de son "état de grâce" pour plafonner à 500 K$ annuels le salaire des chefs d'entreprises bénéficiaires du plan anti-crise... Et tout cela en deux temps trois mouvements, bien joué Barack.

Alors, quand allons-nous enfin plafonner les revenus des sportifs professionnels? Reprenons l'argument d'Obama : l'argent du contribuable américain ne doit pas servir à engrosser des dirigeants d'entreprise déjà multi-millionnaires. Cet argument est tout aussi valable dans le sport pro, et dans le foot français en particulier. Les clubs bénéficient de mannes d'argent public, notamment pour la formation de leurs joueurs et pour l'aménagement de leurs stades. Par exemple, la ville de Paris donne chaque année plus de 2 millions d'euros au PSG... Ce n'est pas rien! Alors en ces temps de vaches maigres, il serait immoral de ne rien faire contre l'indécente inflation salariale dans des clubs en partie financés par l'argent public.

Outre-Manche, les footballeurs professionnels dépassent largement le plafond obamesque : la moyenne des revenus, en Premier League, est de 150.000 € par mois! En France, parent pauvre du foot européen, un joueur de Ligue 1 gagne en moyenne "seulement" 47.000 € par mois. Quelle misère! L'UNFP, le syndicat des joueurs français, a beau crier famine, les Français ne s'y trompent pas : 78% d'entre eux, dans un sondage publié par Le Parisien la semaine dernière, estiment que les joueurs de Ligue 1 sont trop payés.

Alors, quelle riposte prépare notre gouvernement? Un plafonnement des salaires de Ligue 1, un salary cap à la française? Eh bien, on sent Laporte et Fillon un peu gênés aux entournures. Parce qu'ils se sont précisément battus, ces dernières années, pour alléger les charges sociales pesant sur les salaires des footballeurs français. En introduction du rapport Besson sur la compétitivité du foot français, en fin d'année dernière, le Premier Ministre écrivait ainsi : "Le coût global des rémunérations des meilleurs joueurs est supérieur en France à celui de l'Angleterre, l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne, du fait de notre structure de prélèvements obligatoires. Grâce au dispositif du Droit à l’Image Collective (DIC), que nous vous recommandons de pérenniser, et aux récentes évolutions de la législation fiscale sur les revenus et sur le patrimoine, cet écart défavorable s’est réduit pour se limiter à environ 15 % pour une rémunération "moyenne" comparée aux systèmes sociaux et fiscaux de nos principaux concurrents". Manque de pot, un rapport de la Cour des Comptes, cette semaine, compare le DIC à une "niche fiscale" qui a "donné des résultats peu probants". En clair, le DIC est une mesure inéquitable et inefficace!

Toujours Fillon dans le texte : "Si vous le décidiez, une étude qui porterait sur le coût et l’opportunité d’un étalement du paiement de l’impôt sur le revenu tenant compte de la brièveté de la carrière des footballeurs professionnels pourrait cependant être conduite". Ben voyons, un nouvel aménagement fiscal pour les stars du foot, il ne manquerait plus que cela!

Certes, notre gouvernement, du bout des lèvres, se dit partisan d'un salary cap qui plafonnerait le ratio "masse salariale/chiffre d'affaires" des clubs, comme c'est le cas aujourd'hui en rugby dans le Top 14... Mais pour ce qui concerne le foot, affirme le rapport Besson, cette solution ne pourrait être qu'européenne... Et si l'UEFA a bien un projet dans ses cartons, la Commission européenne freine des quatre fers! Bref, le salary cap européen, c'est pas demain la veille.

Alors, faisons franco-français, simplement et sans atermoiements. Et puisque l'Etat ne fera rien, peut-être que les mairies et les régions, importants bailleurs de fonds des clubs de foot pro, auront le courage d'exiger des comptes. Les subventions octroyées par les collectivités locales aux clubs de foot devraient être gelées jusqu'à la mise en place d'un plafonnement des revenus des joueurs de Ligue 1. Soyons obamesques, directs, efficaces. Yes oui cannes.

PS : Le site web de référence sur le foot et les finances, c'est un site portugais très bien fait, Fuetbol Finance. Ils ont publié aujourd'hui leur nouvelle liste des joueurs les mieux payés. En tête à égalité : Kaka et Ibrahimovich, avec un revenu annuel de 9 millions d'euros ; premier Français : Thierry Henry, avec 7,5 millions ; joueur de Ligue 1 le mieux payé : Karim Benzema 4,5 millions.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Oh yes I can ("cannes") be paid 9 millions euros per year! With pleasure! And you?