mercredi 29 octobre 2008

Les auteurs du « foot, opium du peuple » ont-ils fumé la moquette ?

Vous avez lu l’article « le foot, opium du peuple » paru ce mardi dans les pages Débats du Monde ? Je ne sais pas trop quoi en penser… Au départ, j’étais assez séduit par les arguments développés (= le football est le moteur de nombreux affrontements, et un ferment de violence et de tricheries). Là où j’ai commencé un peu à tiquer, c’est quand ils écrivent, sans rire, que « Michel Platini, président de l’UEFA (…) semble oublier les responsabilités propres du football-business, et notamment les massacres du Heysel en 1985 »… Là j’ai compris que ces gens ne connaissent pas vraiment le foot. On peut reprocher à Michel Platini d’avoir joué la finale du Heysel, d’avoir marqué le penalty et brandi la Coupe, mais certainement pas d’avoir oublié ce match de triste mémoire. Le fait que Platini ne parle jamais de la finale du Heysel montre assez bien qu’il continue à regretter de l’avoir joué.

Alors je suis allé chercher plus d’infos sur les auteurs de cet article, des universitaires dont certains sont réunis dans la revue Quel Sport ? et un mouvement annexe dénommé « Le Spectre » (brr, ce genre de noms fait froid dans le dos…). Lisez le « manifeste » de Quel Sport ?, il est d’une grande violence. Exemple (parmi d’autres) : « L'ainsi dite "culture sportive", avec ses soi-disant vertus d'intégration républicaine, son supposé "fair play" et ses prétentions "esthétiques" est une pure mascarade pour demeurés. Qualifier un geste de "génial" ou considérer tel champion comme un "artiste" est un abus de langage qui en dit long sur la "culture" du milieu sportif et de ses hauts-parleurs médiatiques. Le Spectre déconstruira impitoyablement ces pitreries qui cherchent à donner une légitimité "philosophique" au sport. » Ce n’est pas tant le contenu qui me gène, il est acceptable (comment ne pas être agacé par les commentaires sportifs dithyrambiques ?), mais j’ai horreur du ton employé, hautain, vindicatif, définitif, méprisant et violent.

J’espère, chers lecteurs, que vous saurez me dire de fermer mon blog si un jour je me mets à tomber dans ce genre de délire verbal. Lire la suite...

lundi 27 octobre 2008

C’est la lutte (gréco-romaine) finale

Vacarme est une revue de philosophie politique fondée par des anciens de Normale Sup, proches des mouvements sociaux (sans papiers, mal logés, intermittents du spectacle etc). Vacarme fait paraître ce trimestre un dossier spécial consacré au sport. AlterSport, armé d’une bonne boite d’aspirine, a lu ces essais pour vous …Bon… en réalité, je n’ai lu que les parties accessibles sur leur site Web car je n’ai pas trouvé Vacarme chez mon kiosquier habituel, plus habitué à vendre L’Equipe aux fans de sport… Et je n’ai pas tout compris (à Vacarme, pas à L’Equipe). Mais j’aimerais quand même partager avec vous quelques morceaux choisis de l’édito (« Que du sport ») signé Vincent Casanova, Ariane Chottin & Pierre Zaoui.

D’emblée, les auteurs entendent « échapper à tous les dualismes (…) : sport-spectacle et sport-loisir, sport de compétition et sport éducatif ou ludique, sport professionnel et sport amateur, sport moderne et sport à l’ancienne, sports mondiaux et sports régionaux, sport adulte et sport enfantin ». En réalité, selon eux, « tous les termes de ces oppositions ne cessent de se nourrir l’un l’autre : on fait du cyclisme en amateur à condition de se prendre pour Merckx ou Hinault, comme on ne devient généralement sportif professionnel que parce qu’il y eut d’abord une joie gratuite à pratiquer son sport d’élection ; tout sportif de haut niveau a besoin de se dire à un moment ou à un autre que ce qu’il fait n’est qu’un jeu, comme tout simple amateur a besoin de se rêver parfois en professionnel pour se protéger justement de sa pure « passion du jeu » qui pourrait s’avérer encore bien plus dangereuse ». Le sport est, pour eux, davantage un langage, et rien d’autre que du sport. Un peu de la même manière que l’art, pour certains artistes, n’est que de l’art, qu’un langage codé et criblé d’autoréférences. (Camarades de Vacarme, corrigez moi si l’analogie avec l’art n’est pas pertinente, j’essaie de retranscrire l’essence de votre article, mais je ne suis pas certain d’avoir tout compris moi-même).

Le passage le plus réussi de leur papier, à mon goût, c’est quand ils dressent une typologie des contempteurs du sport (l’opposant « politique », l’opposant « philosophe » et l’opposant « dandy »). Nous fans de sport, évoluant dans des cercles parfois hostiles, combien de fois avons-nous dû faire face aux snobs, aux intellos et aux gauchistes assimilant le sport d’équipe au fascisme ? Cette critique, fatigante et aujourd’hui fatiguée, ne porte plus vraiment. Surtout, cette critique, prédominante et catégorique, a tué dans l’œuf toutes les tentatives de remise en question objective et nuancée du sport de haut niveau. C’est dommage.

En effet, s’il y a bien un domaine où la critique politique est restée ancrée dans les milieux intellectuels, c’est bien le sport… Le sport médiatisé, et en particulier les JO, ont certes été utilisés maintes fois par des athlètes pour porter des discours politiques. Mais les JO n’ont jamais (à ma connaissance) été le théâtre d’une critique du sport. Les athlètes qui voulaient porter un badge aux JO de Pékin se battaient essentiellement pour les droits de l’homme en Chine… Bien… Mais aucun athlète ne s’est élevé contre ce qu’ont incarné les JO de Pékin, une parade commerciale et chauvine, voire nationaliste.

Les grands absents d’une critique radicale du sport moderne sont les sportifs eux-mêmes : partie prenante du système, ils sont incapables de le remettre en cause.

A-t-on jamais vu un footballeur se plaindre qu’il est trop payé ? Steve Savidan, icône working class hero, était interviewé récemment dans le JDD : il reprenait à son compte de nombreuses critiques sur le foot pro, mais pas celle du salaire indécent.

Combien de cyclistes ont brisé l’omerta du dopage généralisé à l’EPO ? Ah si, il y a eu Christophe Bassons, mais qui se souvient de lui…

Combien d’athlètes refusent de prêter leur nom à une campagne de pub ? Même les frères Guenot, médaillés olympiques amateurs en lutte gréco-romaine, ont figuré sur la campagne de pub de leur entreprise, la RATP…

Critiquer le système, pour un sportif de haut niveau, reviendrait à le quitter, à foutre en l’air sa carrière, tant la pression est forte dans ce milieu pour ceux qui pensent de travers.

Il reste les supporters… Gardiens du temple, ils peuvent peut-être encore faire quelque chose pour sauver quelques valeurs du sport… On a bien vu des fans de Manchester United déchirer leurs abonnements après le rachat du club par des financiers américains, quelques passionnés de cyclisme dresser en bord des routes du Tour des pancartes « marre du dopage ». Mais le mouvement est encore balbutiant.

Amis de Vacarme, merci pour l’apport théorique. Il est temps de passer maintenant à l’action. Lire la suite...

jeudi 23 octobre 2008

Bernie, on dirait que ça te gêne de marcher dans la boue


Bon… je n’aime pas la F1… j’ai bien eu un petit pincement au cœur quand Ayrton Senna s’est tué, mais depuis, plus rien. Pas le moindre intérêt pour ces compétitions d’ingénieurs, teintées d’espionnage industriel… Mais parce qu’AlterSport se doit d’informer sur tous les sports, je vais y aller moi aussi de mon petit édito sur la fin du Grand Prix de France…

Pas de Grand Prix en 2009, donc, la fédération française de sport automobile, malgré un Premier Ministre (Fillon) très « autophile », a jeté l’éponge… Je ne verserai pas de larmes.

Pour les années suivantes, 6 projets sont en course, mais, de toute évidence, le choix est déjà fait. Les Grands Prix de France se courront désormais, (à partir de 2010 ?), à Euro-Disney. Et Lagardère et Alain Prost mettront 60 millions d’euros dans l’aventure (pour info, l’organisation du GP de France, ces dernières années, coûtait environ 20 millions d’euros par an).

Lagardère + F1 + Disneyland ! Je ne sais pas pourquoi, mais je ne le sens pas ce projet. La ligne droite qui passe devant le château de la Belle au Bois Dormant n’ajoutera que du kitsch à ce sport à l’image détestable… Magny-Cours 2 aurait mieux fait l’affaire…

A Magny-Cours, on est sûr que la F1 n’est pas un sport qui exalte la vitesse au volant. Parce qu’après la course, c’est plutôt du 15km/h qu’on fait sur la nationale.

Ensuite, avec Magny-Cours, on a enfin l’occasion de réconcilier la gauche et le sport automobile. Magny-Cours est situé en pleine Mitterrandie, dans un des départements les plus socialos de France… dans le contexte actuel des délires néo-nazis de Mosley et consorts, ça rassure un peu tout de même…

Et puis Magny-Cours, ca fait quand même un peu plus écolo que Singapour, Dubai, ou Marne-La-Vallée ! Et d’un changement d’image, d’une « démarche environnementale », la F1 en a bien besoin ! A Magny-Cours, on est vraiment en pleine campagne. A 10kms, le ravissant petit village d’Apremont, encore plus près le Bec d’Allier où manger des fritures et se tremper dans la Loire. C’est d’ailleurs à Gimouille, à quelques minutes (hors embouteillages) du circuit, que le conseil général de la Nièvre voudrait créer un nouvel hôtel de standing 100% écolo, en bord de rivière, les pieds dans l’eau. Mais on dirait que ça gêne Bernie Ecclestone de marcher dans la boue.

Alors voilà, c’est décidé, c’est Lagardère et Disney, deux empereurs des médias, qui remporteront le morceau. Le plus gênant, dans cette histoire, c’est la façon dont les médias français ont complètement passé sous silence les autres projets, y compris Magny-Cours 2. Les médias sportifs se sont rangés derrière Lagardère et Prost en rangs serrés.

Espérons que Lagardère perdra des millions dans cette affaire et qu’il mettra fin à ses tentatives tous azimuts de privatisation du sport français de haut niveau.

PS : en surfant sur le site de LoireNature à la page Bec d’Allier, on peut lire : « La principale menace qui touche le secteur du Bec d’Allier est l’augmentation des activités de loisirs. Sans interdire la fréquentation de ces espaces, le développement de ces activités doit être durable dans le temps et dans l’espace. Les bords de Loire sont perturbés par le développement d’activités anarchiques (loisirs motorisés, dépôts sauvages) qui défigurent les rives du fleuve. » Ils ont raison chez LoireNature, moi aussi je vote pour Disney et Lagardère, laissons la F1 polluer Marne-la-Vallée…

PS2 : l'image en haut, c'est les fameuses arênes de Picasso à Noisy-le-Grand (Marne La Vallée). J'y étais pas plus tard que ce matin, pour raisons professionnelles, c'est un peu un coupes-gorges mais j'invite tous les gens qui ont un peu de temps libre à aller visiter ce haut lieu du neuf-trois, c'est assez dément! Lire la suite...

jeudi 16 octobre 2008

Crise financière, la fin du foot business ?

Enfin une bonne nouvelle dans ce flot d’informations économiques terrifiantes : la cote des clubs de foot cotés en Bourse s’effondre. Pas plus que la moyenne, mais suffisamment pour les menacer. Outre-Manche, où les clubs sont endettés jusqu’au cou, j’ai bien peur que cela ne profite finalement qu’aux milliardaires déjà propriétaires de club. Ceux-là auront les moyens financiers d’injecter du cash dans les fonds propres de leurs clubs. Pas besoin d’aller à la banque, ils ont ce qu’il faut sous le matelas.

En France, un seul club est coté en Bourse : l’Olympique Lyonnais présidé par le souriant Jean-Michel Aulas. L’action de l’OL a perdu 1/3 de sa valeur en 5 mois… dur dur… mais je ne peux m’empêcher de rigoler tant l’OL incarne à mes yeux une pâle copie des dérives britanniques du football.

L’OL, c’est ce club qui a le plus gros budget de France et qui écrase de sa domination le foot français depuis 7 ans, tant et si bien que le Championnat de Ligue 1 a nettement perdu de son intérêt.

L’OL, c’est ce club aussi qui, en dehors de Lyon, n’arrive pas vraiment à se faire aimer. Lens, Nantes, St-Etienne, Marseille, le PSG même, aux temps de leur gloire, étaient aimés en dehors de leurs villes. L’OL non.

Aulas a fait un lobbying violent ces dernières années pour permettre l’introduction des clubs en Bourse (il a réussi, bien fait). Son coéquipier de croisade n’était autre que Gervais Martel, président du RC Lens, désormais en Ligue 2. On se marre !

Aulas pense que l’avenir du foot à Lyon, c’est de créer un Grand Stade (complexe OL Land), dont le nom officiel sera celui de son sponsor principal, comme Emirates Stadium à Arsenal ou Allianz Arena à Münich (on appelle cela le « naming »)… Il veut y mettre des boutiques pour le shopping, des bureaux, des hôtels, un vrai projet philanthropique quoi ! Le prétexte pour que Gérard Collomb accepte le projet ? Le stade sera situé dans un quartier déshérité du Grand Lyon… on a connu mieux comme projet structurant…

Aulas, enfin, a présidé feu le « G14 », ce groupe de pression des grands clubs européens qui voulaient créer leur propre ligue fermée (une espèce de Champions League éternelle qui se serait jouée en cercle quasi fermé sans aucun club d’Europe centrale, de l'Est ou du Nord).

Amis spéculateurs, je vous en prie, faites chuter l’action de l’OL. J’ai hâte qu’Aulas jette définitivement l’éponge et nous laisse reconstruire le foot français.

PS : en surfant sur bio wikipedia de JM Aulas, j’apprends qu’il était délégué du syndicat étudiant UNEF en mai 68… Sarko a raison sur ce point, ils ont mal tourné les mecs de 68 ! Lire la suite...

mercredi 15 octobre 2008

Le foot, un sport peu amical

Choisir un match de football amical pour essayer de réchauffer les relations politiques entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique du Nord... L’erreur, répétée 3 fois (Algérie, Maroc et, hier, Tunisie), est stratégique. Le football (en tout cas en 2008) n’est pas capable de réconcilier les peuples. Au contraire il attise les haines. Le handball, où les Tunisiens sont parmi les meilleures nations du Monde, aurait été plus approprié.

Seulement voilà, la FFF croit encore au Père Noël. Ce qui m’a frappé, les quelques fois où j’ai assisté à un match amical des Bleus au Stade de France, c’est cette propension d’un public très familial à passer plus de temps à faire la hola qu’à se passionner pour le match… Les Bleus n’ont pas de public, c’est un fait bien connu. Un match de l’équipe de France, pour la FFF, ça doit être comme un bal populaire, avec flonflons et orchestre ringard. Et Laporte l’a bien rappelé en proposant que les matchs comme celui d’hier se jouent désormais en province, où l’ambiance kermesse serait davantage garantie. C’est sûr, le décalage entre ces représentations et celles des jeunes venus supporter la Tunisie est assez net…

Avec condescendance, la France a donc « offert » 3 grandes « fêtes fraternelles » au Stade de France à l’Algérie, au Maroc et à la Tunisie. 3 « fêtes gâchées » par les jeunes selon les médias. Il faudrait simplement comprendre que le football, pour tous les supporters au Monde un peu sérieux, ce n’est pas une fête, mais une émotion intense, qui touche souvent à des pulsions profondes pas toujours très saines. On ne vient pas au stade pour faire la fête… Les jeunes, en sifflant à chaque fois la Marseillaise et les joueurs français, sont venus rappeler avec provocation qu’un match de foot, même amical, de nos jours, n’a rien à voir avec l’amitié et la fraternité. Et comme le rappelaient fort justement les Guignols ce soir, ils ne sont ni plus cons, ni plus irrévérencieux que ceux qui, toutes les semaines, crient « ho hisse enculés », font des cris de singe ou dressent des banderoles insultantes… En somme, ces jeunes sont dans la moyenne du niveau du supporter 2008… Lire la suite...

Bienvenue chez AlterSport

Violence, racisme, tricherie, cupidité : le sport mondial est gravement malade. L’absence de régulation face à l’argent-roi en est la principale cause.

Certains prétendent que le sport de haut niveau est à l’image de la société. Si les avants-centres tombent dans la surface, c’est, paraît-il, parce que tout le monde, dans la société, triche à la marge… Si le CIO est devenu une entreprise multinationale aux mains des sponsors, c’est, paraît-il, parce que le capitalisme financier est aujourd’hui le seul moyen d’entreprendre… C’est idiot… C’est davantage l’inverse. C’est le sport de haut niveau qui donne le tempo de nos manières de vivre en société, de nos goûts, de notre rapport à l’autre. Réguler un sport mondial à la dérive est véritablement un impératif politique majeur.

Bienvenue chez AlterSport, le blog pour un sport meilleur. Lire la suite...