vendredi 28 novembre 2008

Mauvaise foi : l’OL passe un cap

Atteint, on le sait, de mégalomanie aiguë depuis de longues années, le staff de l’Olympique Lyonnais vient de dépasser les bornes de la mauvaise foi : une dépêche sur le site du club s’en prend à la décision de la Commission de discipline de la Ligue d’infliger 2 matchs fermes de suspension à Juninho après son agression sur Sylvain Armand lors de PSG-Lyon. Les rédacteurs d’OLWeb écrivent ainsi, sans honte : « L'O.L. avait craint le pire pour la fatigue et la récupération de ses joueurs à la lecture du calendrier, mais pas envisagé la suspension infligée ce soir à Juninho : 2 matches ferme pour une expulsion directe sans aucune incidence physique pour son adversaire ! Comment imaginer une telle sanction quand on se rappelle que le capitaine lyonnais n'avait jusque là pris qu'un avertissement en tout début de saison ? Comment comprendre une telle sanction quand on met en parallèle les 4 matches ferme de Stéphane Dalmat, exclu pour avoir cassé la jambe de Miralem Pjanic, indisponible pendant 2 mois, et qui avait auparavant récolté 3 avertissements cette saison ? Juninho a-t-il cassé une demi-jambe de Sylvain Armand ? »

Incroyable, tout simplement incroyable de se croire si puissant qu’on pourrait contester une décision de suspension qui paraît plus que justifiée quand on revoit les images de l’agression. Mais Jean-Michel Aulas et son staff, rois du foot français, peuvent tout se permettre, y compris la mauvaise foi la plus éhontée. L’OL est dans une mauvaise passe. Sa mégalomanie me rappelle celle d’un Tapie, roi du foot français à l’OM dans les années 90. Et on sait comment cela a fini…
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lundi 24 novembre 2008

Sport et Médias : décryptage à Cannes

Les Rencontres de Cannes, rendez-vous régulier de philosophes, de journalistes et d’acteurs politiques organisé par l’association Arte-Filosofia, se sont penché le week-end dernier (21-22-23 nov) sur le sport-spectacle. Le titre du colloque était alléchant : « Sport & Médias : Politique, Argent, Ethique ». Vaste sujet… 7 tables-rondes au menu, dont « La géopolitique du sport, pour le meilleur et pour le pire ? », « L'éthique sportive, l'éthique médiatique, quel contrôle ? » ou encore « Les JO, sont-ils intouchables ? ». La fine fleur des intellos du sport était présente. Les débats d’un assez bon niveau. On sent que le sport-business fait aujourd’hui débat, dans les cercles intellectuels, dans la société en général. Chic.

Par exemple, réflexion de David Abiker, journaliste à France Info et à Arrêt sur Images : « la question, c’est de savoir si c’est finalement notre société qui a créé le sport que nous avons, ou si le sport est devenu tellement puissant qu’il a une influence sur la société ». Bonne question, en effet, car c’est celle qu’AlterSport a posée dans son tout premier post ! ;)

Je vous laisse, car je n’ai pas encore pu voir toutes les tables-rondes de ces rencontres, diffusées en différé sur leur site Web.

PS : petit conseil si vous voulez consulter le site Internet des Rencontres de Cannes, utilisez Internet Explorer, car le site est mal configuré pour Firefox…
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vendredi 21 novembre 2008

Freedom for Lionel, Libérez Messi

Oeil pour œil, dent pour dent. Si Messi est interdit de matchs amicaux avec les Albiceleste, il doit être interdit de matchs amicaux avec le Barça.

Éclipsée par l’arrivée de Diego Maradona à la tête de la sélection argentine, l’absence de Lionel Messi lors du match amical de son équipe nationale en Ecosse est un événement qui se révèlera peut-être important dans les années à venir. Il est vrai qu’El Pibe de Oro, avant sa nomination, s’est montré très critique à l’égard de Messi, peut-être par jalousie : Messi est certainement le meilleur joueur au monde aujourd’hui, un titre auquel aucun footballeur argentin n’a prétendu depuis Diego. Son style de jeu, gaucher dribbleur, rappelle celui de Maradona… L’élève aurait-il dépassé le maître ? Maradona aurait-il donc volontairement écarté Messi de la sélection Albiceleste ? Non, bien au contraire… Maradona, pour évaluer la qualité de son groupe, pour construire une sélection performante, a besoin d’observer comment les autres joueurs évoluent aux côtés de Messi, la pièce centrale de son dispositif. L’absence de Messi face à l’Ecosse est donc un échec pour Maradona, qui a pu juger de la qualité individuelle de chacun de ses joueurs, mais qui a raté l’occasion de construire sa propre équipe autour de Messi, maître à jouer incontestable de la sélection. L’Argentine n’est pas au mieux dans les qualifications pour la Coupe du Monde 2010. Espérons que l’absence de Messi aux matchs amicaux ne l’handicape pas dans sa préparation pour les matchs décisifs qu’elle devra jouer, à partir de mars prochain, pour gagner son ticket pour l’Afrique du Sud.

La vraie raison de l’absence de Messi à Glasgow est donc ailleurs : elle résulte d’un accord passé entre la Fédération argentine de football et le Barça. Il ne s’agit pas d’un accord secret, mais plutôt d’un accord informel. Les faits remontent à cet été. Lionel Messi est alors sélectionné pour rejoindre l’équipe olympique argentine qui s’en va défendre à Pékin son titre gagné quatre ans plus tôt à Athènes. Le Barça ne veut pas laisser partir Messi. Le staff catalan a peur que son joueur ne revienne éreinté pour le début de la Liga, ou pire qu’il ne se blesse avant même le début de la saison. L’argument du Barça est juridique : les Jeux Olympiques ne sont pas une compétition FIFA ; la FIFA n’oblige les clubs à libérer leurs joueurs en sélection nationale que pour les matchs homologués par la FIFA ; le Barça, d’un point de vue juridique, aurait donc le droit de refuser de laisser partir Messi pour les Jeux. Le bras de fer avec la fédération argentine continue. Un accord est finalement trouvé : Messi participera aux JO, mais, durant toute la saison 2008-2009 il n’effectuera aucun match amical pour la sélection argentine. On connaît le résultat : Messi a été le principal artisan de la Médaille d’Or des Argentins. Son choix dans la sélection olympique était tout à fait justifié.

Le Barça justifie l’accord-Messi, qui exempte donc le génie argentin de matchs amicaux en sélection, par la nécessité de le mettre au repos et de réduire le risque qu’il ne se blesse. Plus cynique, le Barça fait dire à la Fédération argentine de football que c’est également dans son intérêt à elle que Messi ne joue pas les matchs amicaux des Albiceleste : « Les négociations ont été faciles. Barcelone et la sélection argentine sont d’accord pour préserver l’intégrité physique du joueur, et ceci est la meilleure solution pour toutes les parties concernées », prétend José Luis Meizsner, secrétaire de la fédération argentine de football. Cet argument, on l’a vu, ne tient pas debout. L’urgence, aujourd’hui, c’est de reconstruire une sélection argentine autour de Messi, en vue de la qualification pour 2010. Sa présence dans les matchs amicaux est donc indispensable. Si l’Argentine, par malheur, ne se qualifie pas pour l’Afrique du Sud, nul doute que du côté de Buenos Aires, on saura identifier le Barça comme l’un des responsables…

L’accord-Messi n’est qu’une bataille de plus dans la lutte acharnée que se livrent la FIFA et les grands clubs sur la libération de leurs joueurs en sélections nationales. Le problème, c’est que l’accord risque de faire jurisprudence… Qui sera le prochain club à faire pression pour que son joueur soit exempté de matchs amicaux en sélection nationale ? Chelsea pour Drogba ? J’en prends le pari.

La FIFA doit intervenir et rappeler, non seulement la règle, mais aussi l’esprit de la règle, à savoir : la participation à des matchs en sélection nationale prime sur la participation à des matchs en clubs. Point à la ligne. Match amical ou match officiel. Sélection olympique, sélection Espoirs, sélection A’ ou sélection A. Si cette règle n’est pas respectée, il faut envisager des représailles : exiger des clubs qu’ils ne sélectionnent pas à leurs propres matchs amicaux ces grands joueurs sur-sollicités que sont Messi, Ronaldo ou Van Nistelroy. Prenons l’exemple des tournées promotionnelles de Manchester United et du Real Madrid en Asie ou à Dubai.. Elles contribuent, plus encore que les matchs amicaux des sélections nationales, à l’épuisement des joueurs. Les tournées promo, que le rapport Besson, commandé par Bernard Laporte, appelle de ses vœux pour les clubs français, doivent être interdites. Elles mettent en cause elles aussi « l’intégrité physique » des joueurs.

Oeil pour œil, dent pour dent. Si Messi est interdit de matchs amicaux avec les Albiceleste, il doit être interdit de matchs amicaux avec le Barça.
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lundi 17 novembre 2008

SMS homophobe : Nicollin coupable, Thiriez complice

Une action politique s’impose : virer immédiatement Laurent Nicollin du CA de la Ligue de Football Professionnel.

« Mais ils sont oùùùù, mais ils sont oùùùù la LFP, la la la la la laaa » ai-je envie de chanter. Car un silence assourdissant règne du côté de Frédéric Thiriez, président de la Ligue de Football Professionnel, depuis la révélation de l’affaire du SMS homophobe.

Rappel des faits : Laurent Nicollin, fils du légendaire Loulou, le patron de la collecte des ordures ménagères, a hérité des rênes du Montpellier Hérault Sport Club et du langage ordurier de son père. A la Paillade, en son temps, Loulou était, aux côtés de Claude Bez et Bernard Tapie, l’incarnation du beauf devenu patron de club, de mauvaise foi permanente et insultant sans cesse les arbitres. Laurent Nicollin, le fils, vient quant à lui de s’illustrer en envoyant à un membre du staff montpelliérain, avant un derby contre Nîmes, un SMS choc qui l’exhortait en ces termes à la victoire : « On va les enculer ces PD de Nîmois ». Manque de pot, le destinataire du SMS s’est fait coffrer quelques jours plus tard pour violences contre les supporters nîmois et le SMS vient d’être rendu public lors de son procès.

Et c’est là que l’affaire devient intéressante. Nicollin-fils présente ses excuses en ces termes : « J’ai commis l’erreur d’utiliser un langage supporter pour convaincre mon interlocuteur (…). J’étais stressé et pressé, mon souci était d’assurer le destinataire d’une volonté de victoire. » Whaouh, belle explication de texte. En clair, Laurent Nicollin présente ses excuses aux Nîmois, mais à aucun moment il n’a une pensée pour les personnes homosexuelles qui auraient pu être choquées par ses propos.

Que fait la police, c’est-à-dire la Ligue ? En l’occurrence, rien. Alerté, entre autres, par le club Paris Foot Gay, l’avocat Frédéric Thiriez, d’habitude si prompt à dénoncer les injustices quand on s’attaque à son pactole, reste muet. Il faut dire que Laurent Nicollin est membre du CA de la LFP…

« Shame, shame, shame », ai-je maintenant envie de crier, à la manière des militants de Act-Up, à l’encontre de Frédéric Thiriez. La Ligue a pourtant signé récemment une Charte contre l'Homophobie dans le Football. L’affaire du SMS de Nicollin était enfin l’occasion d’agir de manière concrète.

Il y a quelques mois, la sortie de Sexus Footballisticus, du journaliste Jérôme Jessel, fut une autre occasion manquée de questionner frontalement l’homophobie de règle, à tous les échelons, dans les clubs amateurs et pros de football.

Ras le bol de manquer des occases toutes faites… A l’heure où Roselyne Bachelot, Ministre de la Santé et des Sports, lance une nouvelle campagne contre l’homophobie, intitulée « le regard des autres », il faut maintenant « scorer » et marquer les esprits. Une action politique s’impose : virer immédiatement Laurent Nicollin du CA de la Ligue de Football Professionnel.

PS : le logo en vignette, c’est celui de la International Gay and Lesbian Football Association, qui organisera sa coupe du Monde en 2009 Washington (voir aussi les Gay Games qui auront lieu en 2010 à Cologne)
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vendredi 14 novembre 2008

Afterfoot, c'est pas moi, mais c'est super quand même

Je viens de découvrir le site Afterfoot. Aucun lien avec AlterSport, même si les noms se ressemblent, je vous le promets. Afterfoot est un site Panini, un catalogue des footballeurs de nos enfances. C'est super bien fait et je recommande particulièrement la rubrique consacrée aux joueurs qui se sont risqués à sortir des disques.

Assez rigolé... quant à moi, Mr AlterSport, je retourne à la lutte armée!
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Rapport Besson : vive le business !

Il faut combler le retard de compétitivité des clubs français, écrit Besson. Et là, le Secrétaire d’Etat à la Prospective n’y va pas par le dos de la cuillère : tous les coups sont permis.

Le secrétariat d’Etat chargé de la prospective, de l’évaluation des politiques publiques et du développement de l’économie numérique (ouf…), c’est ce machin dirigé par Eric Besson, celui qu’on a appelé le « traitre » parce qu’il avait claqué la porte du PS en pleine campagne présidentielle pour rejoindre l’équipe Sarkozy. Et voilà que Besson vient de publier le rapport que lui a commandé Laporte sur la « compétitivité des clubs de football professionnels français ». Vu le personnage (politicien opportuniste, économiste), on ne pouvait pas attendre de Besson qu’il cherche à améliorer l’éthique du foot français. Non, c’est bien de business qu’il s’agit dans ce rapport, de gros sous et quasi uniquement de cela.

J’ai donc lu les 164 pages du rapport, c’est assez instructif. Vraiment, rien à dire sur la qualité technique de ce travail, c’est très pro, très HEC. Mais l’esprit qui l’anime est choquant. Explications.

Le foot français, écrit en substance Besson, est très régulé. La DNCG fait très bien son travail, trop bien presque… Parce que là-bas, chez nos voisins européens et en particulier Outre-Manche, les clubs ont bel et bien les mains libres pour lever des fonds privés, pour s’endetter, pour ne pas payer de taxes sur les salaires des joueurs, bref pour faire du n’importe quoi financier leur permettant d’acheter les meilleurs joueurs du monde… Et ça paie. Le cynisme du capitalisme appliqué au sport pro est ainsi expliqué par des économistes cités dans le rapport : « la régulation a été beaucoup plus légère en Italie, en Angleterre et en Ecosse qu’en France, et les clubs ont eu de ce fait davantage d’opportunités pour faire des erreurs (mais aussi pour rencontrer des succès). C’est peut-être là le paradoxe ultime en ce qui concerne la régulation et le management des ligues sportives. Les ligues les moins régulées ont dépensé plus que les autres en joueurs et ont donc connu plus de succès, comme par exemple les clubs anglais, italiens ou espagnols en Ligue des Champions. ». C’est malheureusement bien vrai. La faute, c’est les autres. Je ne nie pas ce constat. Tant que la Ligue anglaise ne sera pas devenue vertueuse, que la Commission européenne, au nom de « l’arrêt Bosman », continuera à interdire le « 6+5 » (6 joueurs nationaux minimum sur 11 au départ de tout match), et que l’UEFA n’imposera pas un « salary cap » uniforme au niveau européen (plafonnement des salaires de tous les joueurs de foot évoluant en Europe), le foot français restera peu compétitif… Le rapport Besson ne manque pas de rappeler qu’une régulation européenne, voire mondiale, du foot s’impose. Merci pour le rappel, ça ne mange pas de pain.

En attendant, il faut combler le retard de compétitivité des clubs français, écrit Besson. Et là, le Secrétaire d’Etat à la Prospective n’y va pas par le dos de la cuillère : tous les coups sont permis.

1) Premier chantier proposé par le rapport : la construction de stades modernes, propriétés privées des clubs, avec un maximum de loges VIP hors de prix, des billets plus chers pour tous, des boutiques, des hôtels, des feux d’artifice, de la pub partout, (jusqu’au nom même du stade, avec la pratique du « naming » façon Emirates Stadium). Aargh !!! Le sport-spectacle, moi ça me dit moyen, j’ai pas envie de voir des shows sportifs à l’américaine façon NFL.

2) Et on continue. Le rapport Besson souhaite poursuivre sur la voie de la baisse des charges sociales sur les salaires des joueurs, comme il est déjà possible de le faire partiellement via la DIC, récemment remise en question par un sénateur socialiste français. Aargh again !!! Après le bouclier fiscal et les 15 milliards de baisses d’impôts pour les ultra-riches, c’est carrément choquant !

3) Encore et toujours. Le rapport propose de redistribuer différemment les droits télés : moins pour la Ligue 2, moins pour les petits clubs, plus pour les « clubs locomotives » (non, pas le Lokomotiv Sofia, mais plutôt le trio PSG, OL, OM). Donner aux riches, quelle belle idée ! Déjà que la domination de Lyon sur le championnat français a tué tout intérêt à la Ligue 1, mais alors là, donner encore plus d’argent à quelques grands, ce serait clairement de l’iniquité sportive.

4) Renforcer, au sein des clubs, le rôle des « sociétés sportives », véritables entreprises, au détriment des « associations sportives ». Stop, stop, stop, sinon j’adhère au NPA de Besancenot.

5) Le meilleur pour la fin : faire profiter les clubs français de la manne financière générée par l’ouverture des paris en ligne sur le foot ! Eh oui car bientôt, en 2009, on pourra parier sur Internet sur les matchs de Ligue 1 ! Heureuse initiative, bon timing… alors que se multiplient les témoignages de corruption de joueurs, voire d’équipes entières, par des mafias internationales investissant dans les paris sur des matchs de foot en Europe…

On pourrait continuer longtemps. Le catalogue des mesures de dérégulation est impressionnant. Il permettra de « rassurer les investisseurs » et de les encourager à financer des grands clubs français. Bref, il s’agit de faire entrer le foot français définitivement dans le foot business déjà en vigueur chez nos voisins. Quelle alternative y a-t-il me direz vous ? Eh bien… continuer à perdre tout simplement, à jouer les seconds couteaux en Ligue des Champions. Et montrer l’exemple d’une régulation radicale pour pouvoir l’imposer enfin aux Anglais et aux Espagnols. Lire la suite...