vendredi 21 novembre 2008

Freedom for Lionel, Libérez Messi

Oeil pour œil, dent pour dent. Si Messi est interdit de matchs amicaux avec les Albiceleste, il doit être interdit de matchs amicaux avec le Barça.

Éclipsée par l’arrivée de Diego Maradona à la tête de la sélection argentine, l’absence de Lionel Messi lors du match amical de son équipe nationale en Ecosse est un événement qui se révèlera peut-être important dans les années à venir. Il est vrai qu’El Pibe de Oro, avant sa nomination, s’est montré très critique à l’égard de Messi, peut-être par jalousie : Messi est certainement le meilleur joueur au monde aujourd’hui, un titre auquel aucun footballeur argentin n’a prétendu depuis Diego. Son style de jeu, gaucher dribbleur, rappelle celui de Maradona… L’élève aurait-il dépassé le maître ? Maradona aurait-il donc volontairement écarté Messi de la sélection Albiceleste ? Non, bien au contraire… Maradona, pour évaluer la qualité de son groupe, pour construire une sélection performante, a besoin d’observer comment les autres joueurs évoluent aux côtés de Messi, la pièce centrale de son dispositif. L’absence de Messi face à l’Ecosse est donc un échec pour Maradona, qui a pu juger de la qualité individuelle de chacun de ses joueurs, mais qui a raté l’occasion de construire sa propre équipe autour de Messi, maître à jouer incontestable de la sélection. L’Argentine n’est pas au mieux dans les qualifications pour la Coupe du Monde 2010. Espérons que l’absence de Messi aux matchs amicaux ne l’handicape pas dans sa préparation pour les matchs décisifs qu’elle devra jouer, à partir de mars prochain, pour gagner son ticket pour l’Afrique du Sud.

La vraie raison de l’absence de Messi à Glasgow est donc ailleurs : elle résulte d’un accord passé entre la Fédération argentine de football et le Barça. Il ne s’agit pas d’un accord secret, mais plutôt d’un accord informel. Les faits remontent à cet été. Lionel Messi est alors sélectionné pour rejoindre l’équipe olympique argentine qui s’en va défendre à Pékin son titre gagné quatre ans plus tôt à Athènes. Le Barça ne veut pas laisser partir Messi. Le staff catalan a peur que son joueur ne revienne éreinté pour le début de la Liga, ou pire qu’il ne se blesse avant même le début de la saison. L’argument du Barça est juridique : les Jeux Olympiques ne sont pas une compétition FIFA ; la FIFA n’oblige les clubs à libérer leurs joueurs en sélection nationale que pour les matchs homologués par la FIFA ; le Barça, d’un point de vue juridique, aurait donc le droit de refuser de laisser partir Messi pour les Jeux. Le bras de fer avec la fédération argentine continue. Un accord est finalement trouvé : Messi participera aux JO, mais, durant toute la saison 2008-2009 il n’effectuera aucun match amical pour la sélection argentine. On connaît le résultat : Messi a été le principal artisan de la Médaille d’Or des Argentins. Son choix dans la sélection olympique était tout à fait justifié.

Le Barça justifie l’accord-Messi, qui exempte donc le génie argentin de matchs amicaux en sélection, par la nécessité de le mettre au repos et de réduire le risque qu’il ne se blesse. Plus cynique, le Barça fait dire à la Fédération argentine de football que c’est également dans son intérêt à elle que Messi ne joue pas les matchs amicaux des Albiceleste : « Les négociations ont été faciles. Barcelone et la sélection argentine sont d’accord pour préserver l’intégrité physique du joueur, et ceci est la meilleure solution pour toutes les parties concernées », prétend José Luis Meizsner, secrétaire de la fédération argentine de football. Cet argument, on l’a vu, ne tient pas debout. L’urgence, aujourd’hui, c’est de reconstruire une sélection argentine autour de Messi, en vue de la qualification pour 2010. Sa présence dans les matchs amicaux est donc indispensable. Si l’Argentine, par malheur, ne se qualifie pas pour l’Afrique du Sud, nul doute que du côté de Buenos Aires, on saura identifier le Barça comme l’un des responsables…

L’accord-Messi n’est qu’une bataille de plus dans la lutte acharnée que se livrent la FIFA et les grands clubs sur la libération de leurs joueurs en sélections nationales. Le problème, c’est que l’accord risque de faire jurisprudence… Qui sera le prochain club à faire pression pour que son joueur soit exempté de matchs amicaux en sélection nationale ? Chelsea pour Drogba ? J’en prends le pari.

La FIFA doit intervenir et rappeler, non seulement la règle, mais aussi l’esprit de la règle, à savoir : la participation à des matchs en sélection nationale prime sur la participation à des matchs en clubs. Point à la ligne. Match amical ou match officiel. Sélection olympique, sélection Espoirs, sélection A’ ou sélection A. Si cette règle n’est pas respectée, il faut envisager des représailles : exiger des clubs qu’ils ne sélectionnent pas à leurs propres matchs amicaux ces grands joueurs sur-sollicités que sont Messi, Ronaldo ou Van Nistelroy. Prenons l’exemple des tournées promotionnelles de Manchester United et du Real Madrid en Asie ou à Dubai.. Elles contribuent, plus encore que les matchs amicaux des sélections nationales, à l’épuisement des joueurs. Les tournées promo, que le rapport Besson, commandé par Bernard Laporte, appelle de ses vœux pour les clubs français, doivent être interdites. Elles mettent en cause elles aussi « l’intégrité physique » des joueurs.

Oeil pour œil, dent pour dent. Si Messi est interdit de matchs amicaux avec les Albiceleste, il doit être interdit de matchs amicaux avec le Barça.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Je crois que la tournée chinoise du Barça de l'été 2007 a largement été critiquée au sein même du Barça. Elle a été très bénéfique sur le plan financier (6 millions d'euros directs et le reste à l'avenant en produits dérivés). Pour le reste, une catastrophe sportive. Reste à voir ce qui prime au sein du club...