mercredi 7 octobre 2009

Astana, son tramway, son pétrole et son écurie cycliste

La visite de Nicolas Sarkozy à Astana et le traitement privilégié d'Astana par l'UCI relèvent tous deux d'une RealPolitik malsaine.

Vous ne trouvez pas ça rigolo, vous, que l'affaire «Astana-équipe cycliste» éclate au moment même où Sarkozy est en visite express officielle à «Astana-capitale du Kazakhstan»? Coïncidence? Certainement. Mais l'amitié franco-kazakh est un point de plus en faveur de l'Union Cycliste International (UCI) et de tous ceux qui veulent laisser le Tour de France à l'abri des meilleurs contrôles anti-dopage. Explications.

On connait la passion de Sarkozy pour le cyclisme en général et pour le Tour en particulier. La comm' présidentielle, relayée cet été par Rama Yade, c'était «le Tour est éternel, les années noires du dopage sont derrière nous, le Tour est une fête populaire, il fait partie de notre patrimoine, blah blah blah». Il constitue surtout une vitrine touristique très lucrative. Ne cassons pas la poule aux oeufs d'or avec ces histoires de dopage.

Le scénario du Tour 2009 était couru d'avance (comme le duel Contador-Armstrong d'ailleurs, lui aussi storytellé bien avant le départ) : pas d'affaires de dopage pendant le Tour, et après le Tour un bras de fer judiciaro-médiatique entre l'AFD et les coureurs incriminés.

Il faut dire que l'UCI, d'après le rapport rendu public par l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD), a cette année déployé tout son savoir-faire pour saborder la lutte anti-dopage. Les exemples de dysfonctionnement font florès: avant même le départ de l'étape, l'UCI aurait averti un coureur qu'il serait contrôlé à l'issue de tel contre la montre, alors que la règle stipule que l'enveloppe doit être décachetée 2 kilomètres avant l'arrivée ; les normes de conservation des échantillons n'ont pas été respectées... à dessein? ; et, plus grave encore, le rapport de l'AFLD pointe un «traitement privilégié» à l'égard d'Astana... Astana, l'équipe d'Armstrong et Contador justement... et du président-dictateur Nazarbaiev, nouvel ami de Sarko...

Alors, Sarko et Nazarbaiev ont-ils parlé cyclisme? Sûrement pas... Mais le point commun, dans ces deux affaires, c'est qu'elles relèvent toutes les deux d'une RealPolitik assez malsaine. Pour exploiter du pétrole et vendre un tramway, on ferme ici les yeux sur les droits de l'homme. Pour faire venir en France les fans de cyclisme hollandais et espagnols, on ferme là les yeux sur le dopage dans le Tour. Sarko et l'UCI partagent une même idée de la morale politique : faisons des affaires et du spectacle, et ne nous laissons pas emmerder par des valeurs comme l'équité sportive ou les droits de l'homme. Nazarbaiev, dictateur plein aux as et fan de cyclisme, est leur ami commun.

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