jeudi 8 janvier 2009

Red Bull, la World Company du football

On sent poindre un véritable mouvement de fond dans les clubs : la création d’équipes-filiales à l’étranger pour conquérir des marchés émergents et optimiser l’utilisation de la main d’oeuvre.

Vous connaissez le Red Bull Salzburg ? Il ne s’agit pas d’un nouveau cocktail, mais d’un club de foot…Eh bien figurez-vous que le Red Bull Salzburg est un club visionnaire, il préfigure ce que sera le foot pro de demain… Explications.

Il était une fois, au début des années 2000, un club de foot moyen dans une ville moyenne d’une nation moyenne du foot mondial. L’Austria Salzburg avait bien connu son heure de gloire en 1994 à l’occasion d’une finale de Coupe UEFA perdue face à l’Inter de Milan, mais il sombrait depuis dans les bas-fonds du prolétariat footballistique européen.

Il était une autre fois une firme autrichienne désireuse de conquérir de nouveaux marchés. La société Red Bull avait besoin à cet effet de se débarrasser d’une sale image de marque : on disait que sa boisson n’apportait aucun bénéfice sur la santé ; pire, chez les jeunes, le Red Bull était utilisé était comme adjuvant aux alcools forts afin de maximiser la durée de leur effet ! Red Bull décida donc d’investir à fond dans le sponsoring du sport, car le sport, c’est bien connu, c’est la santé.

Red Bull racheta l’Austria Salzburg en 2005, le rebaptisa Red Bull Salzburg et fit construire un nouveau stade de 30.000 places, le Red Bull Arena. En 2006, Red Bull acheta aux Etats-Unis l’équipe de soccer des MetroStars, lesquels devinrent donc les Red Bull New York. Il y a tout juste un an naissait la Red Bull Academy à Sogakope au Ghana. C’est quoi la suite de cette saga ? La création d’un championnat mondial des équipes Red Bull ? En tout cas, l’empire footballistique Red Bull s’étend. Il organise aujourd’hui un véritable commerce triangulaire de joueurs, de capitaux et de supporters entre l’Afrique, les Etats-Unis et l’Europe. Il s’agit de contrôler l’ensemble de la filière foot et d’optimiser au maximum le parcours des joueurs : en caricaturant, on pourrait dire que les joueurs ont une formation low-cost délocalisée en Afrique ; qu’ils rejoignent en début ou en fin de carrière l’équipe réserve de New York pour y faire leur armes et surtout pour conquérir le marché émergent du soccer US ; et qu’au sommet de leur carrière, ils sont admis dans l’équipe fanion de Salzburg. Ca c’est de la gestion des ressources humaines !

Les résultats sont déjà au rendez-vous. Red Bull Salzburg est champion d’Autriche 2007, dauphin en 2008. Red Bull New-York est finaliste 2008 du Championnat US. Et au Ghana, la Red Bull Academy est en passe de devenir la principale pépinière des jeunes talents ouest-africains.

Alors aujourd’hui, fort de ces succès, le modèle Red Bull fait école auprès des grands clubs européens ! Voilà que le Barça envisage lui aussi d’ouvrir une filiale à Miami ! Bon le Barça de Miami sera au Barça catalan ce que la Logan, chez Renault, est à la Velsatis. Une version low-cost délocalisée en quelque sorte. Mais il aura la « griffe » Barça. Et ce n’est pas rien !

On sent poindre un véritable mouvement de fond : la création d’équipes-filiales à l’étranger pour conquérir des marchés émergents et optimiser l’utilisation de la main d’oeuvre. Le danger ? Que les clubs de demain, pilotés par des enseignes commerciales (Red Bull, Emirates, Allianz…), se constituent en véritables multinationales. Les clubs de foot de l’avenir ne seraient plus du tout ancrés dans le « local » (une ville, une communauté) mais totalement dans le « label » (au mieux une griffe ou un style, au pire une simple marque).

Un motif d’espoir ? Certains fans de l’Austria Salzburg, mécontents que leur équipe soit rachetée et renommée par Red Bull, on décidé de refonder l’Austria Salzburg… qui a du redémarrer en septième division autrichienne et qui vient de monter d’un échelon ! Bonne chance les gars, la Ligue des Champions, c’est pour 2015 !

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