samedi 30 janvier 2010

CAF, the show must go on

La sentence vient de tomber et elle fait l'effet d'une bombe : la confédération africaine de football (CAF) suspend la sélection togolaise pour les deux prochaines CAN et lui inflige 50 000 $ d’amende. La CAF a appliqué scrupuleusement son règlement : un forfait «moins de 20 jours avant le commencement de la compétition» est sanctionné par une suspension pour les deux prochaines éditions. Bing !

Cette décision sonne comme une double peine totalement inhumaine. Rappelons simplement la cause du forfait… Il y a deux semaines, juste avant l’ouverture de la CAN angolaise, le bus de la sélection togolaise de football est attaqué au Cabinda par des séparatistes. Lourd bilan : 2 morts parmi le staff togolais. Sous le choc, les Eperviers laissent planer le doute sur leur participation à la CAN. En coulisse, la CAF recommande au Togo de participer : the show must go on. Les joueurs semblent convaincus… Mais, suivant une injonction de leur Premier Ministre, ils rentrent finalement en avion express à Lomé.

Et c’est bien cela qu’Issa Hayatou reproche officiellement à la Fédération togolaise de football : d’avoir cédé aux pressions des autorités politiques de Lomé. D’avoir renoncé à la sacro-sainte indépendance du monde du football vis-à-vis du monde politique. Le Togo vient déjà d’annoncer qu’il faisait appel de la décision de la CAF. Nul doute que la sanction sera révisée à la baisse. Trop tard : le mal est fait, l’image de marque de la CAF sort très affaiblie de cette histoire, quelques mois avant le début de la première Coupe du Monde sur le continent…

En fait, le différend entre la fédération togolaise de foot et la confédération africaine est bien plus ancien. Rappelez-vous un de mes précédents posts : il y a deux ans, la CAF suspendait Tata Avlessi, le président de la Fédé togolaise de foot, pour une sombre histoire de match truqué et d’achat d’arbitre. Mais Avlessi avait ensuite obtenu gain de cause auprès du Tribunal Arbitral du Sport de Lausanne. La haine entre Tata Avlessi et Issa Hayatou est tenace. Le manque de compassion ahurissant dont a fait preuve la CAF dans l’affaire du Cabinda est peut-être aussi le résultat de cette longue rancœur personnelle.

L’isolement dans lequel évolue le mouvement sportif international saute désormais aux yeux : la FIFA, la CAF, et le CIO, entre autres, vivent dans des tours d’ivoire. Ils ont perdu tout contact avec les valeurs humanistes qu’ils sont censés défendre… Ces institutions revendiquent leur indépendance vis-à-vis du monde politique, car elles ne veulent pas rendre de comptes. Vendues aux sponsors privés et commerciaux, tombées sous leur dépendance, elles veulent continuer à prospérer en toute impunité. Ce n’est plus tenable. Il faut aujourd’hui mettre le mouvement sportif sous tutelle politique, comme un malade qui n’est plus en mesure de se prendre en charge seul.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cette affaire ne serait-elle pas à rapprocher de " l'affaire anglaise" = un joueur de foot ( et pas des moindres ) suspendu parce qu'il s'est "laissé prendre" à tromper sa femme!...Les dirigeants du foot seraient-ils des " intégristes"? A moins qu'ils ne soient que de banaux "Pères-la-Vertu" ( = irréprochables par devant, mais par derrière, magouilles en tous genres... )

Anonyme a dit…

Ne dit-on pas dans le monde du spectacle, lorsqu'un artiste est défaillant " Le spectacle continue"...
Comme quoi le foot appartient au monde du spectacle...CQFD