jeudi 18 décembre 2008

Le sport français est-il macho ?

Le sport féminin français est déprimé. A qui la faute ? Au machisme ambiant de la société ? Ou à des causes plus systémiques ?

Il est de bon ton, en France, de se moquer du modèle américain, de son prétendu « communautarisme ». Pourtant, il y a bien un domaine où les Etats-Unis ont des leçons à nous donner : le sport féminin !
Les Américaines, aux derniers JO de Pékin, ont non seulement conservé leur titre en football et dominé de la tête et des épaules la compétition de basket, mais elles ont aussi créé la surprise en volley en arrachant l’argent. Au final, les Américaines ont totalisé 53 médailles, seulement 4 de moins que les Chinoises.

Côté Françaises, Pékin, c'était Waterloo morne plaine. 7 petites médailles. Soit à peine 17% de l'ensemble des médailles tricolores. Une situation qui devrait inquiéter notre sous-Ministre Laporte. On sait bien que ce qui l'intéresse lui, c'est les résultats, les médailles, les titres, les sacres. Pas l'éducation sportive populaire, non, mais plutôt l'élite. Eh bien l'élite féminine française est aujourd'hui mal en point. Les Flessel, Manaudou, Pérec et Mauresmo n'ont pas encore trouvé d'héritières.

Alors aidons Laporte à reconstruire le sport féminin français et jetons un œil outre-Atlantique, si vous le voulez bien. Là bas, dans les universités, qui constituent le creuset du sport d’élite, s’applique ce qu’on appelle le Title IX (prononcez title nine). C’est un amendement de non-discrimination voté en 1972. Il a en fait essentiellement été appliqué dans le milieu du sport universitaire. Le Title IX stipule que les hommes et les femmes doivent se voir accorder les mêmes opportunités de pratique sportive, à tous les échelons. Concrètement, pour la plupart des disciplines, le sport féminin est financé à même hauteur que le sport masculin. D’où, par exemple, la domination incontestée des Américaines dans le soccer mondial.

Et en France alors ? Un chercheur de l’INSEP, cité par la Croix, relève que la pratique sportive des Françaises serait globalement en recul, notamment dans les banlieues chez les adolescentes. Sous-entendu que le machisme ambiant dans les cités et l’influence grandissante d’un Islam conservateur imposeraient aux jeunes filles une pudeur incompatible avec une pratique sportive. C’est peut-être pas faux… Un colloque sera d’ailleurs organisé à ce sujet à Aubervilliers en janvier...

Mais le machisme de la société est un coupable un peu facile... Car chez le spectateur le sport féminin a le vent en poupe. Tennis, hand, athlé, judo : nombreuses sont les disciplines où la compétition féminine internationale, jugée plus gracieuse que la masculine, a acquis au fil des ans ses lettres de noblesse télévisuelles.

Il faut plutôt chercher des causes systémiques à la dépression du sport féminin français. Du côté des dirigeants et des entraîneurs, peu de places sont en effet laissées aux femmes. En France, seulement 14% des cadres techniques sportifs sont des femmes, selon l’INSEP.

Et regardez les principales fédérations. En connaissez-vous une qui ait déjà été dirigée par une femme ? Foot : Jean-Pierre Escalettes ; basket : Yvan Mainini ; hand : Joël Delplanque ; athlétisme : Bernard Amsalem ; natation : Francis Luyce ; judo : Jean-Luc Rougé. Et tous ces mâles bien blancs, et d’autres encore, forment ensemble notre Comité National Olympique. Avec le succès qu’on lui connaît. Alors rêvons... d'une nouvelle présidente, en lieu et place du vaillant Henri Serandour... Cela ferait peut-être le plus grand bien au Comité Olympique Français, un peu comme au Medef… Si une femme (Laurence Parisot) a réussi à détrôner le Baron Sellières, il est temps qu’une femme, enfin, succède aux mâles héritiers du Baron de Coubertin…

1 commentaires:

Anonyme a dit…

Mais non la France n'est pas machiste. Et vive la République, vous savez cette espèce d'étendard qui sert a toutes les luttes y compris les plus réactionnaires. Sous couvert de lutte contre le communautarisme, on évite d'aborder les sujets qui fâchent. C'est aussi vrai das le sport, tiens...

NB: Bernard Laporte n'est-il pas le meilleur ami des anti-sarkozystes ? Ou est-ce mon entourage crypto-gauchiste qui a réussi à me faire croire que son auréole de ridicule était assez généralement partagés par mes compatriotes (je veux dire ceux de ma République) ?